Les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 un sommet historique, frôlant les 2 700 milliards de dollars. Un bond de 9,4 % en un an, porté par les conflits géopolitiques persistants et les peurs stratégiques. Au-delà des enjeux de sécurité, ce réarmement généralisé interpelle : quels impacts sur les finances publiques, les secteurs économiques et l’ordre économique mondial émergent ? Plongée dans un paysage où économie de guerre et stratégie industrielle s’entrelacent de plus en plus.
2024 restera sans doute une année charnière pour bien des analystes stratégiques, mais aussi pour les investisseurs et décideurs économiques. L’économie mondiale est en train de basculer – à petits pas mais sûrement – dans une logique de sécurité renforcée, où la défense n’est plus un simple poste budgétaire parmi d’autres : elle devient une priorité nationale assumée dans les pays développés, une exigence existentielle dans les régions menacées, et une opportunité industrielle dans les nations les plus en avance technologiquement. Le chiffre est saisissant : 2 700 milliards de dollars. C’est le montant total des dépenses militaires dans le monde en 2024. C’est 9,4 % de plus que l’année précédente. Du jamais vu depuis la fin de la guerre froide. Et ce n’est pas une anomalie temporaire. Toutes les tendances suggèrent que ce sera la nouvelle normalité – peut-être même le socle d’une nouvelle économie : celle du réarmement global.
Cette explosion des budgets de défense ne surgit pas d’un vide. Elle est le fruit de dynamiques politiques, de crispations régionales, de rapports de forces vieillis et de peurs contemporaines parfaitement identifiées. Mais ce qui transforme cette réalité militaire en sujet économique central, c’est la manière dont ces choix de défense réorganisent les priorités budgétaires des États et restructurent les chaînes industrielles majeures. Ce n’est plus seulement une course aux armements : c’est une reconfiguration économique d’ampleur. Et elle a déjà commencé.
Commençons par les foyers les plus visibles. En Europe tout d’abord, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a eu l’effet d’un électrochoc durable. Ce n’était pas une guerre périphérique, lointaine. C’était une guerre redevenue imaginable aux portes de l’Union européenne. Pour les capitales occidentales, la donne a changé radicalement. Les pays baltes, la Pologne, la Suède (désormais membre de l’OTAN) ont revu à la hausse, voire doublé leurs objectifs de dépenses de défense. L’Allemagne, longtemps adepte d’une politique de retenue post-Seconde Guerre mondiale sur le plan militaire, a débloqué un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser sa Bundeswehr. Le "Zeitenwende" (changement d’époque), annoncé par le chancelier Olaf Scholz en 2022, s’est transformé en stratégie budgétaire concrète.
Et l'effet domino ne s'arrête pas là. La France, le Royaume-Uni, l’Italie – tous ont intégré l’idée que la stabilité en Europe ne peut reposer exclusivement sur la dissuasion américaine. L'autonomie stratégique européenne, longtemps idéal théorique, s'appuie désormais sur des chiffres, des plans d'armement, des investissements technologiques. Le réarmement est là, tangible, massif. Et surtout structurel.
À l’autre bout du globe, le schéma est à peine différent. Dans la région Indo-Pacifique, la quête de puissance stratégique de la Chine redessine les rapports de force. Pékin augmente chaque année son budget défense, atteignant plus de 224 milliards de dollars en 2024 selon les sources disponibles (sans même parler des dépenses non publiées dans les secteurs du cyber, spatiaux ou paramilitaires). Face à cela, le Japon – qui a doublé son budget de défense sur cinq ans – et l’Australie, très active dans le cadre de l’alliance AUKUS avec les États-Unis et le Royaume-Uni, opèrent eux aussi des virages majeurs. Le Vietnam, Taïwan, les Philippines ou encore l’Inde suivent, certains en multipliant les commandes étrangères, d'autres en accélérant leur industrialisation domestique dans l’armement.
Le retour de la guerre comme scénario plausible remet en cause l’illusion post-guerre froide selon laquelle la croissance mondiale serait portée uniquement par la consommation, la paix et la globalisation douce. Aujourd’hui, les grandes puissances reprennent l’une des plus vieilles vérités géopolitiques : qui veut la sécurité doit payer pour l’obtenir. Mais si ce raisonnement reste purement stratégique à première vue, il est en réalité un moteur clé de nouvelles dynamiques économiques que les investisseurs, les entreprises et les États doivent désormais comprendre intimement.
Car l’argent injecté dans la défense ne disparaît pas dans des soutes obscures. Il nourrit toute une chaîne industrielle, stimule des secteurs entiers. L’industrie de défense – de la fabrication d’armes à la cybersécurité, de l’aérospatial à la surveillance électronique – est redevenue un pilier majeur dans l’économie des pays développés. Les entreprises comme Lockheed Martin, Dassault Aviation, Rheinmetall, BAE Systems ou encore Thales ont vu leur carnet de commandes exploser depuis deux ans. Mais cette croissance n’est pas une simple bulle post-conflit.
Ce qui se joue en ce moment, c’est l’acceptation sociale et politique du retour d’une économie de guerre douce – une économie où le secteur militaire n’est plus un poids mort, mais une locomotive technologique, financière et industrielle. En Allemagne, Rheinmetall a doublé sa capitalisation boursière en un peu plus d’un an, portée par les commandes publiques et les contrats internationaux. Le groupe français Thales développe à grande échelle des systèmes de communication cryptée et des solutions d’alerte aérienne de plus en plus demandées, y compris hors de l’Europe. Aux États-Unis, les grands groupes de défense bénéficient d’une base structurellement solide grâce au soutien du Pentagone, dont le budget dépasse à lui seul celui de la Chine, de la Russie et de la France réunis.
Mais ce virage militaire n’est pas sans contreparties économiques. Car tout budget est un arbitrage. La réorientation vers la défense implique des choix : moins d’argent pour l’éducation, la santé, la transition écologique ? Des hausses d’impôts à venir ? Une pression accrue sur les déficits publics déjà étirés post-Covid ? Chaque milliard alloué au réarmement peut représenter une tension supplémentaire pour des finances publiques aux ambitions multiples.
Les États doivent donc opérer un numéro d’équilibriste. D’un côté justifier l’effort de défense face à une opinion parfois divisée ; de l’autre, préserver les investissements civils et éviter l’effet d’éviction. C’est ici que l’angle financier rejoint l’angle moral et stratégique. Dans une Europe qui vise la neutralité carbone, qui s’est engagée à réduire ses dettes, comment intégrer structurellement une charge militaire gonflée sans démanteler les programmes existants ? La réponse tiendra en un mot : priorisation.
Or c’est bien là que l’impact macroéconomique s’intensifie. Les industries militaires ne sont pas de simples coûts : elles stimulent l’innovation (notamment dans les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, la robotique, les communications quantiques…), dopent certaines filières de formation, créent des emplois spécialisés et entraînent des effets multiplicateurs dans des bassins d’activités. Dans ce contexte, certains économistes commencent même à plaider pour une lecture plus constructive du réarmement : non plus comme une échappée belliciste, mais comme un levier d’investissement dans les technologies duales – civiles et militaires. Un drone de surveillance militaire peut ouvrir la voie à des applications logistiques de demain. Le GPS, rappelons-le, trouvait sa source dans la Défense.
Cependant, cet espoir d’effet positif reste tributaire de la maîtrise politique. Si le réarmement aboutit à une militarisation accrue sans coordination, si les tensions s’enveniment et dérapent, alors ce seront les marchés, les devises et les civils qui paieront le prix. Déjà, la multiplication des points chauds dans le monde – Ukraine, Israël/Gaza, mer de Chine méridionale – alimente les craintes d’escalades systémiques. Et l’histoire a prouvé que les surcapacités militaires mal encadrées peuvent devenir une source de danger plutôt qu’un bouclier.
Il y a donc urgence à réfléchir ce réarmement global non pas comme un mouvement désordonné, mais comme une stratégie de sécurisation coordonnée. Cela suppose plus de coopération interétatique, plus de transparence des dépenses, plus d’efforts conjoints de désescalade diplomatique – sans tomber dans la naïveté. Cela nécessite aussi que les secteurs financiers, industriels et politiques s’organisent pour encadrer cette transition militaire afin d’en réduire les effets systémiques négatifs.
Enfin, le retour en force des dépenses militaires oblige les investisseurs à intégrer une nouvelle donnée dans leurs analyses : le risque géopolitique n’est plus un aléa exogène distant, il devient un input stratégique. Les sociétés de gestion, les banques centrales, les décideurs publics doivent ajuster leurs grilles de lecture. Un conflit régional peut désormais remodeler le prix des matières premières, désorganiser des chaînes logistiques, faire monter la prime de risque sur une zone entière.
En 2024, la guerre ou plutôt, le réarmement, est devenu un paramètre économique comme un autre – mais un de ceux qu’il ne faut surtout pas ignorer. Il redessine les cartes des alliances, réoriente les flux d’investissement, et surtout il murmure à l’oreille des analystes que le monde de demain se construira autant avec les chiffres de la bourse qu’avec ceux des arsenaux.
Une économie de paix durable passe sans doute par un équilibre subtil entre puissance dissuasive et diplomatie crédible. Mais en attendant, l’économie de guerre douce que nous voyons émerger est déjà là – et il serait imprudent de ne pas en prendre toute la mesure.
Animé par la mission de rendre la finance et l'économie plus claires et accessibles, Tristan aide à décrypter les tendances complexes et à explorer des voies alternatives pour répondre aux enjeux globaux de demain. Expert en finance durable, économie et transition énergétique, il partage ses analyses pour participer à la prise de conscience des enjeux et au progrès sociétal.
Les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 un sommet historique, frôlant les 2 700 milliards de dollars. Un bond de 9,4 % en un an, porté par les conflits géopolitiques persistants et les peurs stratégiques. Au-delà des enjeux de sécurité, ce réarmement généralisé interpelle : quels impacts sur les finances publiques, les secteurs économiques et l’ordre économique mondial émergent ? Plongée dans un paysage où économie de guerre et stratégie industrielle s’entrelacent de plus en plus.
2024 restera sans doute une année charnière pour bien des analystes stratégiques, mais aussi pour les investisseurs et décideurs économiques. L’économie mondiale est en train de basculer – à petits pas mais sûrement – dans une logique de sécurité renforcée, où la défense n’est plus un simple poste budgétaire parmi d’autres : elle devient une priorité nationale assumée dans les pays développés, une exigence existentielle dans les régions menacées, et une opportunité industrielle dans les nations les plus en avance technologiquement. Le chiffre est saisissant : 2 700 milliards de dollars. C’est le montant total des dépenses militaires dans le monde en 2024. C’est 9,4 % de plus que l’année précédente. Du jamais vu depuis la fin de la guerre froide. Et ce n’est pas une anomalie temporaire. Toutes les tendances suggèrent que ce sera la nouvelle normalité – peut-être même le socle d’une nouvelle économie : celle du réarmement global.
Cette explosion des budgets de défense ne surgit pas d’un vide. Elle est le fruit de dynamiques politiques, de crispations régionales, de rapports de forces vieillis et de peurs contemporaines parfaitement identifiées. Mais ce qui transforme cette réalité militaire en sujet économique central, c’est la manière dont ces choix de défense réorganisent les priorités budgétaires des États et restructurent les chaînes industrielles majeures. Ce n’est plus seulement une course aux armements : c’est une reconfiguration économique d’ampleur. Et elle a déjà commencé.
Commençons par les foyers les plus visibles. En Europe tout d’abord, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a eu l’effet d’un électrochoc durable. Ce n’était pas une guerre périphérique, lointaine. C’était une guerre redevenue imaginable aux portes de l’Union européenne. Pour les capitales occidentales, la donne a changé radicalement. Les pays baltes, la Pologne, la Suède (désormais membre de l’OTAN) ont revu à la hausse, voire doublé leurs objectifs de dépenses de défense. L’Allemagne, longtemps adepte d’une politique de retenue post-Seconde Guerre mondiale sur le plan militaire, a débloqué un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour moderniser sa Bundeswehr. Le "Zeitenwende" (changement d’époque), annoncé par le chancelier Olaf Scholz en 2022, s’est transformé en stratégie budgétaire concrète.
Et l'effet domino ne s'arrête pas là. La France, le Royaume-Uni, l’Italie – tous ont intégré l’idée que la stabilité en Europe ne peut reposer exclusivement sur la dissuasion américaine. L'autonomie stratégique européenne, longtemps idéal théorique, s'appuie désormais sur des chiffres, des plans d'armement, des investissements technologiques. Le réarmement est là, tangible, massif. Et surtout structurel.
À l’autre bout du globe, le schéma est à peine différent. Dans la région Indo-Pacifique, la quête de puissance stratégique de la Chine redessine les rapports de force. Pékin augmente chaque année son budget défense, atteignant plus de 224 milliards de dollars en 2024 selon les sources disponibles (sans même parler des dépenses non publiées dans les secteurs du cyber, spatiaux ou paramilitaires). Face à cela, le Japon – qui a doublé son budget de défense sur cinq ans – et l’Australie, très active dans le cadre de l’alliance AUKUS avec les États-Unis et le Royaume-Uni, opèrent eux aussi des virages majeurs. Le Vietnam, Taïwan, les Philippines ou encore l’Inde suivent, certains en multipliant les commandes étrangères, d'autres en accélérant leur industrialisation domestique dans l’armement.
Le retour de la guerre comme scénario plausible remet en cause l’illusion post-guerre froide selon laquelle la croissance mondiale serait portée uniquement par la consommation, la paix et la globalisation douce. Aujourd’hui, les grandes puissances reprennent l’une des plus vieilles vérités géopolitiques : qui veut la sécurité doit payer pour l’obtenir. Mais si ce raisonnement reste purement stratégique à première vue, il est en réalité un moteur clé de nouvelles dynamiques économiques que les investisseurs, les entreprises et les États doivent désormais comprendre intimement.
Car l’argent injecté dans la défense ne disparaît pas dans des soutes obscures. Il nourrit toute une chaîne industrielle, stimule des secteurs entiers. L’industrie de défense – de la fabrication d’armes à la cybersécurité, de l’aérospatial à la surveillance électronique – est redevenue un pilier majeur dans l’économie des pays développés. Les entreprises comme Lockheed Martin, Dassault Aviation, Rheinmetall, BAE Systems ou encore Thales ont vu leur carnet de commandes exploser depuis deux ans. Mais cette croissance n’est pas une simple bulle post-conflit.
Ce qui se joue en ce moment, c’est l’acceptation sociale et politique du retour d’une économie de guerre douce – une économie où le secteur militaire n’est plus un poids mort, mais une locomotive technologique, financière et industrielle. En Allemagne, Rheinmetall a doublé sa capitalisation boursière en un peu plus d’un an, portée par les commandes publiques et les contrats internationaux. Le groupe français Thales développe à grande échelle des systèmes de communication cryptée et des solutions d’alerte aérienne de plus en plus demandées, y compris hors de l’Europe. Aux États-Unis, les grands groupes de défense bénéficient d’une base structurellement solide grâce au soutien du Pentagone, dont le budget dépasse à lui seul celui de la Chine, de la Russie et de la France réunis.
Mais ce virage militaire n’est pas sans contreparties économiques. Car tout budget est un arbitrage. La réorientation vers la défense implique des choix : moins d’argent pour l’éducation, la santé, la transition écologique ? Des hausses d’impôts à venir ? Une pression accrue sur les déficits publics déjà étirés post-Covid ? Chaque milliard alloué au réarmement peut représenter une tension supplémentaire pour des finances publiques aux ambitions multiples.
Les États doivent donc opérer un numéro d’équilibriste. D’un côté justifier l’effort de défense face à une opinion parfois divisée ; de l’autre, préserver les investissements civils et éviter l’effet d’éviction. C’est ici que l’angle financier rejoint l’angle moral et stratégique. Dans une Europe qui vise la neutralité carbone, qui s’est engagée à réduire ses dettes, comment intégrer structurellement une charge militaire gonflée sans démanteler les programmes existants ? La réponse tiendra en un mot : priorisation.
Or c’est bien là que l’impact macroéconomique s’intensifie. Les industries militaires ne sont pas de simples coûts : elles stimulent l’innovation (notamment dans les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, la robotique, les communications quantiques…), dopent certaines filières de formation, créent des emplois spécialisés et entraînent des effets multiplicateurs dans des bassins d’activités. Dans ce contexte, certains économistes commencent même à plaider pour une lecture plus constructive du réarmement : non plus comme une échappée belliciste, mais comme un levier d’investissement dans les technologies duales – civiles et militaires. Un drone de surveillance militaire peut ouvrir la voie à des applications logistiques de demain. Le GPS, rappelons-le, trouvait sa source dans la Défense.
Cependant, cet espoir d’effet positif reste tributaire de la maîtrise politique. Si le réarmement aboutit à une militarisation accrue sans coordination, si les tensions s’enveniment et dérapent, alors ce seront les marchés, les devises et les civils qui paieront le prix. Déjà, la multiplication des points chauds dans le monde – Ukraine, Israël/Gaza, mer de Chine méridionale – alimente les craintes d’escalades systémiques. Et l’histoire a prouvé que les surcapacités militaires mal encadrées peuvent devenir une source de danger plutôt qu’un bouclier.
Il y a donc urgence à réfléchir ce réarmement global non pas comme un mouvement désordonné, mais comme une stratégie de sécurisation coordonnée. Cela suppose plus de coopération interétatique, plus de transparence des dépenses, plus d’efforts conjoints de désescalade diplomatique – sans tomber dans la naïveté. Cela nécessite aussi que les secteurs financiers, industriels et politiques s’organisent pour encadrer cette transition militaire afin d’en réduire les effets systémiques négatifs.
Enfin, le retour en force des dépenses militaires oblige les investisseurs à intégrer une nouvelle donnée dans leurs analyses : le risque géopolitique n’est plus un aléa exogène distant, il devient un input stratégique. Les sociétés de gestion, les banques centrales, les décideurs publics doivent ajuster leurs grilles de lecture. Un conflit régional peut désormais remodeler le prix des matières premières, désorganiser des chaînes logistiques, faire monter la prime de risque sur une zone entière.
En 2024, la guerre ou plutôt, le réarmement, est devenu un paramètre économique comme un autre – mais un de ceux qu’il ne faut surtout pas ignorer. Il redessine les cartes des alliances, réoriente les flux d’investissement, et surtout il murmure à l’oreille des analystes que le monde de demain se construira autant avec les chiffres de la bourse qu’avec ceux des arsenaux.
Une économie de paix durable passe sans doute par un équilibre subtil entre puissance dissuasive et diplomatie crédible. Mais en attendant, l’économie de guerre douce que nous voyons émerger est déjà là – et il serait imprudent de ne pas en prendre toute la mesure.