économie

Capitalisation boursière : pourquoi l’Europe reste à la traîne face aux États-Unis

L’Europe pèse 5 fois moins que les USA en Bourse. La faute à notre système de retraites par répartition?

Publié le
7/5/25
, mis à jour le
7/5/25
May 7, 2025

Il y a quelque chose de troublant — presque humiliant — dans cette statistique. L’Europe, ce continent aux vingt-sept drapeaux, abritant près de 450 millions de citoyens, ne pèse aujourd’hui que 13 % dans la capitalisation boursière mondiale. Pendant que Wall Street avance à pas de géant, séduisant l’épargne domestique, drainant la richesse de ses ménages et réinjectant le tout dans son tissu économique, le Vieux Continent regarde son reflet dans le miroir des marchés et ne se reconnaît plus. Et pour cause : l’écart avec les États-Unis ne s’est pas formé par accident. Il n’est ni conjoncturel, ni temporaire. Il est structurel. Il repose sur une fondation politique, idéologique et sociale : le modèle de retraite.

Le miroir déformant du marché mondial

La Bourse, on l’oublie souvent, n’est qu’un thermomètre. Elle ne mesure pas seulement la température des marchés mais aussi, et peut-être surtout, celle des modèles. Derrière les chiffres bruts de la capitalisation — ces milliers de milliards de dollars qui s’échangent sans relâche — se cache une réalité institutionnelle. Un pays ne pèse pas lourd en Bourse uniquement parce que ses entreprises sont moins innovantes ou moins rentables. Il pèse moins parce qu’il a décidé — consciemment ou non — de laisser l’épargne de ses citoyens dormir dans des livrets réglementés, des fonds de pension rachitiques, ou des régimes de retraite par répartition qui, conçus pour la solidarité, tournent parfois le dos à l’investissement productif.

À l’inverse, les États-Unis, qui ont largement embrassé la capitalisation dans leur système de retraite, ont fabriqué un cercle vertueux. Les ménages investissent massivement via leurs fonds de pension ou leurs plans 401(k). Ces capitaux alimentent les marchés domestiques. Les entreprises trouvent un financement abondant pour innover, croître, recruter. De cette croissance naît la performance, qui renfloue les fonds de pension… et rassure les ménages dans leur logique d’épargne à long terme. La boucle est bouclée. Et l’Europe, elle, reste en dehors de la danse.

Répartition : la vertu qui bride l'essor

L’étude de l’Institut Molinari, récemment publiée, appuie là où ça fait mal. Elle ne se contente pas de souligner le déséquilibre du poids boursier européen. Elle l’explique, sans concessions : l’Europe, attachée à la répartition, refuse encore de faire entrer ses ménages dans une logique d’investissement actionnarial de long terme.

Et il ne s’agit pas d’une simple préférence comptable. C’est une question de philosophie. La retraite par répartition repose sur une intergénérationnalité solidaire : les actifs d’aujourd’hui paient les pensions des retraités d’hier, en espérant que les générations futures feront de même. Ce schéma, nourri d’un esprit de justice sociale, a fonctionné à merveille quand la croissance démographique était soutenue et que le rapport actifs/inactifs était favorable.

Mais voilà : l’Europe vieillit. Zeus, Jupiter ou Odin n’y peuvent rien. Avec un taux de natalité en berne, une espérance de vie qui s’allonge et une croissance économique modeste, le système grince. Et surtout, il mobilise peu l’épargne privée. Il ne transforme pas les travailleurs en investisseurs, il les transforme en contributeurs. L’épargne, si elle existe, est principalement orientée vers la sécurité — pas vers la valorisation.

Les États-Unis, champions culturels de la capitalisation

Face à cela, les États-Unis font figure d’ovni... ou de pionnier. Là-bas, chaque actif est dès son entrée sur le marché du travail incité à cotiser à des régimes individuels dépendant des marchés financiers. Le plan 401(k), pilier du système américain, permet d’investir dans des fonds variés — souvent composés majoritairement d’actions. Résultat : plus de 30 000 milliards de dollars sont aujourd’hui répartis dans les fonds de pension américains, soit bien davantage que le PIB annuel des États-Unis.

Et les conséquences sont concrètes. Le cours des actions américaines bénéficie d’un soutien structurel. La demande de titres financiers est constante, nourrie mois après mois par les cotisations retraite. Les entreprises de la tech, de l’énergie, de la santé ou de la finance peuvent ainsi compter sur un apport massif de capitaux domestiques. Elles le réinvestissent dans la croissance, la recherche, ou l’expansion internationale. Ce tissu boursier florissant attire à nouveau les investisseurs étrangers. Wall Street, en somme, est devenue un empire qui s’autoalimente.

Europe : l’épargnant frustré

Pendant ce temps, de ce côté-ci de l’Atlantique, le capital dort. Selon les chiffres de la Banque Centrale Européenne, les ménages de la zone euro ont une épargne financière estimée à plus de 40 000 milliards d’euros. Incroyable, direz-vous ? Et pourtant, à peine 15 % de cet argent est investi en actions. Le reste dort sur des comptes bancaires, est placé en obligations peu rémunératrices, ou financent des régimes dont les contributions ne vont pas sur les marchés.

Les raisons sont multiples : faible appétit pour le risque, culture de l’épargne de précaution, régulation défavorable, fiscalité peu incitative… mais surtout, une architecture politique qui n’encourage pas, structurellement, l’investissement sur ce terrain. On préfère mutualiser les risques à court terme plutôt que penser à la richesse de long terme. On veut protéger l’individu du marché, au risque de l’en exclure.

Innovation, souveraineté, résilience : les coûts invisibles de la frilosité

Faut-il en conclure que le modèle américain est intrinsèquement supérieur ? Certainement pas. Il est plus risqué, plus inégalitaire parfois, et peut exposer les retraités à des pertes massives en cas de crise boursière. La crise de 2008 ou la crise technologique des années 2000 nous l’ont cruellement rappelé.

Mais il faut reconnaître une chose essentielle : la capitalisation crée du muscle économique. Elle finance l’innovation. Elle donne aux pays la capacité d’influencer leur propre destin économique. Un tissu entrepreneurial alimenté par des fonds nationaux est plus résilient qu’un tissu dépendant de capitaux étrangers. À l’heure où la guerre économique se fait feutrée mais omniprésente — dans les biotechnologies, dans l’intelligence artificielle, dans l’énergie — n’avoir ni fonds souverains puissants, ni pension funds d'envergure, c’est comme partir au combat sans armure.

La souveraineté boursière en danger

Ne pas investir dans ses champions nationaux, c’est aussi en perdre le contrôle progressif. Combien d’entreprises européennes, faute de relais financiers sur place, sont acquises par des fonds américains ou asiatiques ? Combien de start-ups prometteuses, voyant leur avenir bouché sur Euronext, finissent par s’introduire au Nasdaq ou à New York Stock Exchange, pour mieux capter le nerf de la guerre ? Le déficit de capitalisation, ce n’est pas qu’une affaire de retraite : c’est une affaire de souveraineté.

Les États-Unis ne se posent pas la question de savoir s’ils pourront financer leurs géants de demain. Ils le font, parce qu’ils ont lié le sort de leurs citoyens à celui de leurs entreprises. En France, en Allemagne, en Italie, on attend que l’État subvienne aux besoins, sans que cette logique entraîne une implication directe des citoyens dans le parcours économique national.

Vers un modèle européen hybridé ?

Tout n’est pas perdu pour autant. Certains pays européens ont amorcé des transitions. Les Pays-Bas, la Suède, la Norvège — dans une moindre mesure — ont introduit des fonds publics ou semi-publics investis en actions. Ces modèles, plus prudents que les 401(k), ont néanmoins prouvé qu’il était possible d’établir une version européenne de la capitalisation : plus encadrée, plus solidaire, mais tout aussi puissante.

L’étude Molinari plaide pour une montée en puissance progressive. Pas une rupture brutale avec la répartition, mais une hybridation intelligente. Créer des dispositifs dits de « capitalisation collective », adossés à des fonds publics, incitant les jeunes actifs à investir sans se jeter seuls dans la jungle financière. Favoriser la portabilité des actifs de retraite. Débarrasser la fiscalité de ses biais anti-actions. Et surtout, façonner un discours nouveau — qui redonne goût au risque long terme, à la propriété d’entreprise, à une forme d’implication dans le destin économique commun.

Changer la narration pour changer la trajectoire

Car oui, la capitale boursière est aussi une question de narration. Aux États-Unis, investir, c’est participer. En Europe, c’est encore souvent trahir une forme de méfiance envers le capital. Cette dichotomie culturelle, plus encore que les dispositifs techniques, structure notre retard. Il s’agit donc de réconcilier l'épargne et l'économie réelle, sans renoncer à notre identité sociale.

Il n’est pas question d’ériger la Bourse en totem ou en panacée. Mais il est urgent de comprendre qu’en sous-investissant dans nos marchés, nous sous-investissons dans notre avenir. Le retard de l’Europe n’est ni une fatalité technologique, ni une limite géographique. C’est une conséquence directe de nos choix collectifs. Or, ce qui a été décidé peut être rediscuté. Ce qui a été négligé peut être corrigé.

Le réveil boursier de l’Europe passera donc par une révolution silencieuse. Une révolution des esprits, des incitations et des institutions. Parce qu’il est temps — peut-être même urgent — que l’Europe redevienne actrice de son destin économique. Pas pour singer les États-Unis. Mais pour exister, vraiment.

Animé par la mission de rendre la finance et l'économie plus claires et accessibles, Tristan aide à décrypter les tendances complexes et à explorer des voies alternatives pour répondre aux enjeux globaux de demain. Expert en finance durable, économie et transition énergétique, il partage ses analyses pour participer à la prise de conscience des enjeux et au progrès sociétal.

économie

Capitalisation boursière : pourquoi l’Europe reste à la traîne face aux États-Unis

Publié le
May 7, 2025
, mis à jour le
7/5/25
May 7, 2025

Il y a quelque chose de troublant — presque humiliant — dans cette statistique. L’Europe, ce continent aux vingt-sept drapeaux, abritant près de 450 millions de citoyens, ne pèse aujourd’hui que 13 % dans la capitalisation boursière mondiale. Pendant que Wall Street avance à pas de géant, séduisant l’épargne domestique, drainant la richesse de ses ménages et réinjectant le tout dans son tissu économique, le Vieux Continent regarde son reflet dans le miroir des marchés et ne se reconnaît plus. Et pour cause : l’écart avec les États-Unis ne s’est pas formé par accident. Il n’est ni conjoncturel, ni temporaire. Il est structurel. Il repose sur une fondation politique, idéologique et sociale : le modèle de retraite.

Le miroir déformant du marché mondial

La Bourse, on l’oublie souvent, n’est qu’un thermomètre. Elle ne mesure pas seulement la température des marchés mais aussi, et peut-être surtout, celle des modèles. Derrière les chiffres bruts de la capitalisation — ces milliers de milliards de dollars qui s’échangent sans relâche — se cache une réalité institutionnelle. Un pays ne pèse pas lourd en Bourse uniquement parce que ses entreprises sont moins innovantes ou moins rentables. Il pèse moins parce qu’il a décidé — consciemment ou non — de laisser l’épargne de ses citoyens dormir dans des livrets réglementés, des fonds de pension rachitiques, ou des régimes de retraite par répartition qui, conçus pour la solidarité, tournent parfois le dos à l’investissement productif.

À l’inverse, les États-Unis, qui ont largement embrassé la capitalisation dans leur système de retraite, ont fabriqué un cercle vertueux. Les ménages investissent massivement via leurs fonds de pension ou leurs plans 401(k). Ces capitaux alimentent les marchés domestiques. Les entreprises trouvent un financement abondant pour innover, croître, recruter. De cette croissance naît la performance, qui renfloue les fonds de pension… et rassure les ménages dans leur logique d’épargne à long terme. La boucle est bouclée. Et l’Europe, elle, reste en dehors de la danse.

Répartition : la vertu qui bride l'essor

L’étude de l’Institut Molinari, récemment publiée, appuie là où ça fait mal. Elle ne se contente pas de souligner le déséquilibre du poids boursier européen. Elle l’explique, sans concessions : l’Europe, attachée à la répartition, refuse encore de faire entrer ses ménages dans une logique d’investissement actionnarial de long terme.

Et il ne s’agit pas d’une simple préférence comptable. C’est une question de philosophie. La retraite par répartition repose sur une intergénérationnalité solidaire : les actifs d’aujourd’hui paient les pensions des retraités d’hier, en espérant que les générations futures feront de même. Ce schéma, nourri d’un esprit de justice sociale, a fonctionné à merveille quand la croissance démographique était soutenue et que le rapport actifs/inactifs était favorable.

Mais voilà : l’Europe vieillit. Zeus, Jupiter ou Odin n’y peuvent rien. Avec un taux de natalité en berne, une espérance de vie qui s’allonge et une croissance économique modeste, le système grince. Et surtout, il mobilise peu l’épargne privée. Il ne transforme pas les travailleurs en investisseurs, il les transforme en contributeurs. L’épargne, si elle existe, est principalement orientée vers la sécurité — pas vers la valorisation.

Les États-Unis, champions culturels de la capitalisation

Face à cela, les États-Unis font figure d’ovni... ou de pionnier. Là-bas, chaque actif est dès son entrée sur le marché du travail incité à cotiser à des régimes individuels dépendant des marchés financiers. Le plan 401(k), pilier du système américain, permet d’investir dans des fonds variés — souvent composés majoritairement d’actions. Résultat : plus de 30 000 milliards de dollars sont aujourd’hui répartis dans les fonds de pension américains, soit bien davantage que le PIB annuel des États-Unis.

Et les conséquences sont concrètes. Le cours des actions américaines bénéficie d’un soutien structurel. La demande de titres financiers est constante, nourrie mois après mois par les cotisations retraite. Les entreprises de la tech, de l’énergie, de la santé ou de la finance peuvent ainsi compter sur un apport massif de capitaux domestiques. Elles le réinvestissent dans la croissance, la recherche, ou l’expansion internationale. Ce tissu boursier florissant attire à nouveau les investisseurs étrangers. Wall Street, en somme, est devenue un empire qui s’autoalimente.

Europe : l’épargnant frustré

Pendant ce temps, de ce côté-ci de l’Atlantique, le capital dort. Selon les chiffres de la Banque Centrale Européenne, les ménages de la zone euro ont une épargne financière estimée à plus de 40 000 milliards d’euros. Incroyable, direz-vous ? Et pourtant, à peine 15 % de cet argent est investi en actions. Le reste dort sur des comptes bancaires, est placé en obligations peu rémunératrices, ou financent des régimes dont les contributions ne vont pas sur les marchés.

Les raisons sont multiples : faible appétit pour le risque, culture de l’épargne de précaution, régulation défavorable, fiscalité peu incitative… mais surtout, une architecture politique qui n’encourage pas, structurellement, l’investissement sur ce terrain. On préfère mutualiser les risques à court terme plutôt que penser à la richesse de long terme. On veut protéger l’individu du marché, au risque de l’en exclure.

Innovation, souveraineté, résilience : les coûts invisibles de la frilosité

Faut-il en conclure que le modèle américain est intrinsèquement supérieur ? Certainement pas. Il est plus risqué, plus inégalitaire parfois, et peut exposer les retraités à des pertes massives en cas de crise boursière. La crise de 2008 ou la crise technologique des années 2000 nous l’ont cruellement rappelé.

Mais il faut reconnaître une chose essentielle : la capitalisation crée du muscle économique. Elle finance l’innovation. Elle donne aux pays la capacité d’influencer leur propre destin économique. Un tissu entrepreneurial alimenté par des fonds nationaux est plus résilient qu’un tissu dépendant de capitaux étrangers. À l’heure où la guerre économique se fait feutrée mais omniprésente — dans les biotechnologies, dans l’intelligence artificielle, dans l’énergie — n’avoir ni fonds souverains puissants, ni pension funds d'envergure, c’est comme partir au combat sans armure.

La souveraineté boursière en danger

Ne pas investir dans ses champions nationaux, c’est aussi en perdre le contrôle progressif. Combien d’entreprises européennes, faute de relais financiers sur place, sont acquises par des fonds américains ou asiatiques ? Combien de start-ups prometteuses, voyant leur avenir bouché sur Euronext, finissent par s’introduire au Nasdaq ou à New York Stock Exchange, pour mieux capter le nerf de la guerre ? Le déficit de capitalisation, ce n’est pas qu’une affaire de retraite : c’est une affaire de souveraineté.

Les États-Unis ne se posent pas la question de savoir s’ils pourront financer leurs géants de demain. Ils le font, parce qu’ils ont lié le sort de leurs citoyens à celui de leurs entreprises. En France, en Allemagne, en Italie, on attend que l’État subvienne aux besoins, sans que cette logique entraîne une implication directe des citoyens dans le parcours économique national.

Vers un modèle européen hybridé ?

Tout n’est pas perdu pour autant. Certains pays européens ont amorcé des transitions. Les Pays-Bas, la Suède, la Norvège — dans une moindre mesure — ont introduit des fonds publics ou semi-publics investis en actions. Ces modèles, plus prudents que les 401(k), ont néanmoins prouvé qu’il était possible d’établir une version européenne de la capitalisation : plus encadrée, plus solidaire, mais tout aussi puissante.

L’étude Molinari plaide pour une montée en puissance progressive. Pas une rupture brutale avec la répartition, mais une hybridation intelligente. Créer des dispositifs dits de « capitalisation collective », adossés à des fonds publics, incitant les jeunes actifs à investir sans se jeter seuls dans la jungle financière. Favoriser la portabilité des actifs de retraite. Débarrasser la fiscalité de ses biais anti-actions. Et surtout, façonner un discours nouveau — qui redonne goût au risque long terme, à la propriété d’entreprise, à une forme d’implication dans le destin économique commun.

Changer la narration pour changer la trajectoire

Car oui, la capitale boursière est aussi une question de narration. Aux États-Unis, investir, c’est participer. En Europe, c’est encore souvent trahir une forme de méfiance envers le capital. Cette dichotomie culturelle, plus encore que les dispositifs techniques, structure notre retard. Il s’agit donc de réconcilier l'épargne et l'économie réelle, sans renoncer à notre identité sociale.

Il n’est pas question d’ériger la Bourse en totem ou en panacée. Mais il est urgent de comprendre qu’en sous-investissant dans nos marchés, nous sous-investissons dans notre avenir. Le retard de l’Europe n’est ni une fatalité technologique, ni une limite géographique. C’est une conséquence directe de nos choix collectifs. Or, ce qui a été décidé peut être rediscuté. Ce qui a été négligé peut être corrigé.

Le réveil boursier de l’Europe passera donc par une révolution silencieuse. Une révolution des esprits, des incitations et des institutions. Parce qu’il est temps — peut-être même urgent — que l’Europe redevienne actrice de son destin économique. Pas pour singer les États-Unis. Mais pour exister, vraiment.

Rubriques